Evolution idéologique des Talibans

Evolution idéologique des Talibans

Le contrôle rapide de l’Afghanistan par les Talibans a provoqué une onde de choc dans le monde entier. De nombreux journalistes ont averti dès le début que les Talibans n’avaient pas du tout changé (1), et beaucoup craignaient le retour d’un gouvernement similaire à celui d’il y a 20 ans…

Par Ozair Khan

 

1. Introduction

Le contrôle rapide de l’Afghanistan par les Talibans a provoqué une onde de choc dans le monde entier. De nombreux journalistes ont averti dès le début que les Talibans n’avaient pas du tout changé (1), et beaucoup craignaient le retour d’un gouvernement similaire à celui d’il y a 20 ans.

Dans cet article, nous allons voir l’évolution des politiques menées par les Talibans sur des questions épineuses de gouvernance. Nous examinerons principalement ces éléments à travers le prisme de leur idéologie religieuse, car c’est ce qui dicte les décisions des Talibans. Nous devons réaliser que l’Afghanistan est le seul État sunnite (bien que le gouvernement actuel n’ait pas encore été reconnu) dirigé exclusivement par des chefs religieux. Par conséquent, en analysant l’évolution des opinions des Talibans sur certains sujets controversés, nous vérifions également le développement éventuel de leur idéologie religieuse.

Il est donc intéressant de se concentrer d’abord à comprendre ce qu’est exactement l’idéologie religieuse des Talibans, et la manière dont ils en sont venus à l’adopter.

2. Le déobandisme des Talibans

De nombreux dirigeants talibans ont étudié dans des madrasas déobandies et s’affilient à cette idéologie. Le déobandisme est un mouvement de revivification de l’islam sunnite formé à la fin du 19e siècle autour du séminaire islamique Darul Uloom dans la ville de Deoband, en Inde, d’où son nom. L’objectif était de préserver l’identité islamique des Indiens pendant la période de domination coloniale britannique. Le mouvement s’est rapidement développé et on peut affirmer qu’après Al Azhar, Darul Uloom Deoband est de nos jours la deuxième institution islamique sunnite ayant le plus d’autorité.

Ce mouvement influent possédait également une aile politique, la Jamiat Ulema-e-Hind, qui appelait à une Inde unifiée aux côtés du Congrès indien. Cependant, certains membres n’étaient pas d’accord quant à ce rapprochement avec le congrès et ont créé un autre parti, toujours basé sur l’idéologie déobandie, mais qui appelait plutôt à la création d’un état musulman indépendant qui deviendra le Pakistan. Après l’indépendance du Pakistan, ce groupe politique est devenu relativement mineur sur la scène politique pakistanaise. Mais avec l’arrivée au pouvoir de Zia ul Haqq et le financement de pays du Golfe comme l’Arabie saoudite pour soutenir la guerre contre le communisme, le parti a regagné beaucoup plus d’influence politique et de ressources, ce qui a permis la création de centaines de madrasas dans la partie nord-ouest du Pakistan, le long de la frontière avec l’Afghanistan. Dans le même temps, de nombreux réfugiés afghans et combattants moudjahidines qui ont traversé la frontière pakistanaise ont étudié dans ces madrasas déobandies. Les fondateurs du mouvement Taliban et nombre de ses dirigeants jusqu’à aujourd’hui ont passé du temps dans des instituts déobandis, le plus célèbre étant Darul Uloom Haqqania, située dans non loin de Peshawar, que les médias occidentaux ont surnommé « l’université du djihad ».

L’école de pensée déobandie enseigne strictement la jurisprudence sunnite hanafite. En effet, les textes islamiques peuvent être interprétés de différentes manières, et au sein de l’islam sunnite, il existe quatre écoles ayant des méthodes distinctes pour interpréter les textes. Les Talibans sont très clairs quant à leur adhésion au hanafisme. Il y a dix ans, l’actuel amirul al-mumineen Hibatullah Akhundzada a clairement déclaré dans un enregistrement audio que si un émirat islamique venait à apparaitre, il serait basé sur l’enseignement hanafite (2). La jurisprudence hanafite prêchée par le déobandisme est la plus répandue au Proche-Orient et dans le sous-continent indien. Cependant, le hanafisme est un spectre contenant un éventail d’opinions. Pour certaines questions spécifiques, les interprétations et pratiques religieuses du régime Taliban ne sont pas partagées par beaucoup d’autres hanafites, ce qui montre deux choses : premièrement, le hanafisme de l’État turc n’est pas le même que le hanafisme des Déobandis. Cela indique que la compréhension particulière des Talibans sur certains thèmes est influencée par le contexte culturel. L’Afghanistan est principalement peuplé par l’ethnie pachtoune, qui a toujours dirigé le pays depuis qu’il a pris la forme d’un État-nation en 1747. Ils ont un mode de vie traditionnel spécifique : un code d’honneur selon lequel ils vivent, appelé pachtounwali, qui remonte à l’époque préislamique. Le hanafisme des Talibans a donc naturellement été influencé par le pachtounwali.

Un deuxième élément que nous devons comprendre est que, selon Olivier Roy, les Talibans ne sont pas des islamistes, mais plutôt des néo-islamistes. La différence entre les fondamentalistes et les néo-fondamentalistes est que les premiers ont une idéologie systématique et un programme politique. En revanche, les néo-fondamentalistes se préoccupent surtout de l’application de la charia en matière de rituels, d’habillement et de comportement. Cette distinction est essentielle pour comprendre l’importance accordée par les Talibans aux questions liées aux codes vestimentaires.

Nous allons maintenant nous concentrer sur trois aspects sensibles pour lesquels les Talibans ont été critiqués, et nous verrons s’il y a eu une évolution idéologique.

3. L’emploi des femmes et l’éducation des filles

La question de l’emploi des femmes et de la scolarisation des filles est le sujet de controverse le plus important concernant les Talibans, surtout depuis leur récente volte-face sur l’enseignement secondaire des filles, le 23 mars 2022 (3). Cela a rouvert les blessures du passé, lorsque l’éducation des femmes était interdite. Les Talibans ont une vision très traditionnelle du rôle des femmes, insistant sur le fait qu’elles doivent s’occuper du foyer et éviter autant que faire se peut de se mêler librement aux hommes. Selon certains adeptes du pachtounwali, le simple fait de regarder le visage d’une femme qui nous est étrangère est une insulte à son honneur. Ainsi, pour éviter toute promiscuité, les femmes doivent éviter de sortir autant que possible, ce qui limite leurs possibilités d’aller à l’école ou de travailler. Ce cadre de pensée est ensuite soutenu par certaines positions extrêmement mineures dans l’école de jurisprudence hanafite. L’importance de la prise en compte du contexte est démontrée par le contraste avec les points de vue des Deobandis au Pakistan, qui suivent également la doctrine hanafite et sont les enseignants de nombreux Talibans, mais qui sont en profond désaccord avec leurs étudiants Talibans sur ces questions et les critiquent (4). Les Déobandis pakistanais ne voient pas de problème à l’éducation des femmes ni à leur emploi tant que cela se fait dans un contexte où les prémisses religieuses de base ne sont pas brisées.

Depuis leur retour en 2022, les Talibans ont à nouveau imposé de nombreuses restrictions concernant les femmes lorsqu’elles sont à l’extérieur de leurs domiciles. Certaines de ces restrictions proviennent de la même crainte culturelle et religieuse mentionnée précédemment, c’est-à-dire que cela mène à une mixité entre les femmes et les hommes, et que ces dernières en viennent à oublier leur mission première qui est, selon cette vision, de s’occuper de leur famille au sein du foyer. Mais de manière générale, les Talibans considèrent aujourd’hui que les femmes peuvent étudier et travailler tant que certaines conditions sont remplies, comme la non-mixité dans les écoles (5). De plus, à plusieurs reprises, les responsables Talibans ont exprimé la nécessité d’éduquer les femmes. Même s’ils ont fait marche arrière concernant l’accès à l’école secondaire des filles, ils n’ont pas dit que l’éducation des filles était formellement et complètement interdite. Ils ont, pour reprendre leurs termes, « simplement » reporté l’ouverture des écoles. Cela donne un minimum d’espoir aux observateurs de leurs politiques. Par ailleurs, il convient de noter que cette décision n’est pas nécessairement justifiée idéologiquement. Certains analystes politiques pensent que les Talibans ont utilisé la question de l’éducation des filles comme un moyen de détourner l’attention de l’Occident de l’Ukraine de nouveau vers l’Afghanistan (6). Mais quand bien même cette ordonnance était motivée idéologiquement par l’aile la plus traditionnelle des Talibans, de nombreuses voix dissidentes se sont fait entendre au sein du mouvement et en outre de la part d’érudits et autres acteurs à travers tout l’Afghanistan, comme un célèbre général nommé Mobeen ou d’autres membres actifs du gouvernement sur Twitter (7). Cela indique clairement une prise de distance par rapport aux positions d’il y a 20 ans, ce qui est renforcé par le fait que plusieurs universités pour femmes sont toujours ouvertes (8). Récemment, plusieurs hauts membres du gouvernement tel que Annas Haqqani, ont mentionné que la question des écoles pour filles allait être résolue prochainement (9).

En ce qui concerne la place des femmes dans l’espace public de manière plus globale, la situation semblait également légèrement différente d’il y a vingt ans, jusqu’au 7 mai 2022 comme nous verrons dans les paragraphes qui suivent.

Théoriquement, dès l’arrivée au pouvoir des Talibans en aout 2021 et jusqu’à mai 2022, les femmes pouvaient occuper des emplois publics à condition d’être entièrement couvertes. En dehors de ces professions, les femmes pouvaient aussi travailler et tenir des magasins sous réserve de respecter un code vestimentaire minimal : des vêtements amples et un tchador, un foulard qui cache une partie des cheveux (10). Il est intéressant de noter que le port de la burqa n’était pas obligatoire (mais fortement recommandé) pour les femmes (11). Il y a vingt ans, il était impensable pour une femme de sortir sans burqa. Au lieu de cela, les Talibans toléraient les femmes qui ne portaient que le tchador. Mais les Talibans encouragent toujours les femmes à se vêtir d’un hijab par le biais de diverses affiches trouvées dans les rues. Il est surprenant de constater qu’ils confondent encore le hijab avec la burqa, car le terme hijab est mentionné accompagné d’une image de la burqa. Or, dans la pensée hanafite classique, le hijab fait référence au fait de se vêtir de manière ample et se couvrir les cheveux sans pour autant se couvrir le visage.

Un autre aspect intéressant est que les femmes avaient théoriquement le droit de sortir de la maison sans avoir besoin d’un chaperon masculin, contrairement à la politique des Talibans d’il y a vingt ans. Sur cette question, les Talibans étaient beaucoup plus en phase avec la littérature hanafite classique. Par contre, cette cohérence avec le hanafisme impliquait tout de même certaines limitations telles que l’interdiction pour les femmes d’embarquer seules dans un avion (12) et l’interdiction pour elles de parcourir seules une distance de plus de 72 kilomètres (car cela est considéré comme un voyage), ce qui est une opinion que l’on retrouve dans la jurisprudence hanafite.

Cependant, depuis le 7 mai 2022, les libertés dont les femmes pouvaient profiter si l’on compare à vingt en arrière ont été pour la majorité abolies. Les femmes sont de nouveau obligées de se couvrir le visage et de sortir avec un chaperon. C’est un cas classique de mélange de la culture pachtoune avec le hanafisme traditionnel. En effet, Secunder Kermani, un reporter pour la BBC a demandé de manière franche à un représentant des Talibans leur compréhension de la notion de hijab (13). Ce dernier a répondu que le hijab englobe également le fait de couvrir le visage ce qui est en contradiction avec l’enseignement qu’ils ont reçu dans les instituts déobanbdis.

Une partie importante de ces arrêtés controversés proviennent du ministère de la Propagation de la Vertu et de la Prévention du Vice.

4. Mise en œuvre de la loi islamique

4.1. Ministère de la Propagation de la Vertu et de la Prévention du Vice

Le rôle de ce ministère est de veiller au respect des coutumes islamiques dans la sphère publique. C’était l’organe gouvernemental le plus redouté il y a vingt ans. Par le passé, toutes les opinions religieuses des Talibans devaient être appliquées par tous dans la sphère publique. Les hommes étaient obligés de se laisser pousser la barbe, les télévisions étaient interdites, etc. Avec leur soudain retour au pouvoir, les Talibans ont réinstitué ce ministère, mais il semble avoir adopté une approche différente cette fois-ci. Selon les déclarations officielles, l’objectif du ministère est de conseiller plutôt que de punir directement. Dans certains documents d’orientation sur la conduite remis à ses employés, ceux-ci « doivent être patients et se comporter avec les gens avec sagesse » (14).

Contrairement à ce qui se passait il y a vingt ans, les Talibans n’ont pas imposé le port intégral du hijab ou de la burqa dans l’espace public. Dans la plupart des régions, les hommes ne doivent pas porter la barbe, sauf les fonctionnaires.

En parlant de ce ministère, nous voyons l’intérêt de la distinction faite par Olivier Roy entre fondamentalistes et néo fondamentalistes. Les Talibans appartenant à cette dernière catégorie, leurs politiques de gouvernance ne sont pas tout à fait cohérentes avec leur idéologie. Leur méthode d’application de la charia dans l’espace public par le biais de ce ministère de la vertu montre leur organisation désordonnée. Les agents de ce ministère qui patrouillent dans les rues ne doivent en principe que conseiller. Cependant, il a été rapporté que certaines branches de ce ministère ont tenté d’imposer leurs vues à la population dans certains districts en interdisant le rasage de la barbe (15) ou en enregistrant la présence aux prières de la mosquée. Un autre exemple intéressant est celui du chef du ministère de la Propagation de la Vertu et de la Prévention du Vice dans la province septentrionale de Balkh, qui a ordonné la fermeture des bains publics pour femmes. Néanmoins, quelques jours plus tard, après de nombreuses plaintes d’érudits (16), un porte-parole du ministère a indiqué qu’aucun ordre officiel concernant cette question n’était venu de Kaboul. Il semble donc que l’application par les Talibans de leur conception de la charia soit assez confuse. Sur certains sujets, ils paraissent plus ouverts, comme le fait de laisser les télés, les réseaux sociaux, le rasage de barbes, mais sur d’autres, au lieu de conseiller, ils réglementent comme pour le vêtement des femmes.

C’en est arrivé au point où même certains partisans des Talibans appellent au démantèlement de ce ministère parce qu’il porte atteinte à la vie privée des gens et encourage les Talibans à les espionner. Cela est d’autant plus susceptible de se produire que de nombreux travailleurs dans cet organisme gouvernemental n’ont pas reçu de formation adéquate.

Malgré que le but de ce ministère soit principalement de conseiller, si l’un de ses membres attrape quelqu’un commettant un acte moralement et socialement indécent alors qu’il a déjà été averti à plusieurs reprises d’arrêter, il devrait être traduit en justice. Depuis le 7 mai 2022, les femmes sortant sans chaperon et ne couvrant pas leur visage rentrent dans ce cas. En effet si une femme viole ce décret, des membres du ministère viendront chez elle pour aviser son chaperon. Si elle continue à désobéir, son chaperon sera appelé au ministère de nouveau pour être conseillé. Finalement, après une bévue, le chaperon sera traduit en justice et emprisonné pour trois jours (17). Évidemment, étant donné que ce décret est récent, il reste à voir comment cette loi sera appliquée sur le terrain.

D’autre part, un ensemble particulier de crimes conduit directement l’auteur en justice. La majorité de ces crimes « graves » sont assortis de peines fixes dans les écritures islamiques, appelés houdoud, comme la main du voleur qui est coupée.

4.2. Tribunaux islamiques et houdoud

Les jugements des tribunaux concernant ces houdoud sont fondés sur une compréhension hanafite de la charia que nombre de ses juges ont apprise dans des instituts déobandis. Il y a vingt ans, des cas notoires de lapidation publique et d’autres sanctions sévères ont suscité l’indignation de l’opinion publique. Les Talibans ont indiqué que les châtiments corporels seraient toujours appliqués, mais seulement si les preuves strictement requises étaient réunies. Selon Sangar Pakhayr du site Afghan Eye, les Talibans sont moins hâtifs dans les condamnations relatives aux peines corporelles depuis qu’Abdul Hakeem Haqqani, l’un des érudits les plus respectés des Talibans et actuel ministre de la Justice, a publié un livre intitulé Rawdat al-Qadha’ qui clarifie la manière correcte de rendre des jugements. De plus, un partisan des Talibans et journaliste très actif sur Twitter, Qari Abdul Satar al Saeed, a indiqué qu’il n’y a pas encore eu de cas de châtiments corporels, même si de nombreuses personnes ont commis des crimes susceptibles d’être sanctionnés par ce type de peines (18). En effet, selon lui, il faut du temps pour rassembler toutes les preuves nécessaires à ces jugements. Un autre fonctionnaire a déclaré que s’il y avait des dossiers de ce type de châtiments, ils pourraient ne pas être faits en public (19). Ces commentaires semblent indiquer un abandon d’une approche extrêmement dure de l’application de la jurisprudence islamique, influencée par la coutume traditionnelle pachtoune, au profit d’une approche plus modérée de la jurisprudence hanafite, plus conforme aux enseignements de Deoband.

Le dernier domaine de controverse entourant les Talibans que nous mentionnerons est leur relation tumultueuse avec la minorité chiite.

5. Relations avec les Chiites

Les Chiites d’Afghanistan, principalement représentés par le groupe ethnique minoritaire Hazara, ont subi de nombreux abus de la part des Talibans il y a vingt ans. Aujourd’hui, plusieurs rapports font état d’injustices subies par des familles hazaras, mais au niveau de l’État, certains messages affichent l’inclusivité. « Nous fournissons un environnement sûr et sécurisé pour tout le monde, en particulier pour les Hazaras » (20), a déclaré le porte-parole du gouvernement Taliban, Zabihullah Mujahid. Ces déclarations sont basées sur le pragmatisme des Talibans. Ils considèrent les croyances chiites comme une hérésie, mais ils tolèrent les pratiques chiites. Certains comptes Twitter censés être tenus par des partisans de l’organisation Etat Islamique ont publié de nombreuses vidéos montrant les Talibans protégeant des sanctuaires chiites. D’après ces comptes, les Talibans se sont extrêmement adoucis (21).

Malgré ces signes rassurants, la population chiite craint le pire. Un religieux chiite basé au Pakistan a déclaré que même si le gouvernement Taliban a de bonnes intentions à l’égard des chiites, des problèmes pourraient survenir à cause de leurs soldats non entraînés qui se laisseraient emporter (22). Cela nous ramène au fait que les Talibans sont un mouvement néo-fondamentaliste dont le gouvernement est encore très fragile.

6. Conclusion

En conclusion, la crainte des journalistes de voir l’Afghanistan redevenir ce qu’il était il y a vingt ans est peut-être exagérée, car ils ont tendance à oublier comment était la situation pendant le premier régime Taliban. Il est vrai que de nombreuses décisions prises par les Talibans rappellent leur précédent régime, spécialement concertant les femmes. Toutefois, comme nous l’avons vu, sur certaines questions, ils sont devenus moins décisifs sur le plan théorique et idéologique. Leur idéologie est désormais beaucoup plus proche de celle des Deobandis chez qui ils ont étudié. De plus, les ordonnances plus radicales des Talibans se sont souvent heurtées à la résistance du sein même de l’establishment. Néanmoins, avec leur administration désordonnée et le courant radical dans leurs rangs, il pourrait y avoir un écart entre ce que le sommet du gouvernement adopte comme politique et ce qui pourrait être fait au niveau local par la base du mouvement militant. Cela risque de saper les modestes évolutions idéologiques de ces vingt dernières années.

Ozair Khan


Références

(1) The Taliban Is Just as Bad as It Always Was. Yasmeen Serhan. The Atlantic, October 16, 2021. https://www.theatlantic.com/international/archive/2021/10/taliban-hasnt-changed-afghanistan/620371/
(2) Islam Paal. Mar 20, 2022. https://twitter.com/IslamPaal/status/1505514088205815809
(3) The Taliban closes Afghan girls’ schools hours after reopening. Aljazeera, 23 Mar 2022. https://www.aljazeera.com/news/2022/3/23/taliban-orders-girls-schools-shut-hours-after-reopening
(4) Qaseem Nangyal. Apr 21, 2022. https://twitter.com/QaseemNangyal/status/1517100359973576704
(5) Afghanistan: Taliban announce new rules for female students. BBC, 12 September 2021. https://www.bbc.com/news/world-asia-58537081
(6) The Consequences of Closing Girls’ Schools. Abdulhakim Allahdad. Afghan Eye, 30 March 2022. https://afghaneye.org/2022/03/30/the-consequences-of-closing-girls-schools/
(7) Natsec Jeff. Mar 28, 2022. https://twitter.com/Natsecjeff/status/1508502346917158913
(8) Taliban reopen universities for Afghan women in 6 provinces. Tameem Akhgar. AP News, February 2, 2022. https://apnews.com/article/afghanistan-kabul-taliban-b09a81e36032f8ec2551c94699c1cce5
(9) Tolo News. May 4, 2022. https://twitter.com/TOLOnews/status/1521772482281320448
(10) Of course, women can work in Afghanistan! 5Pillars. https://www.youtube.com/watch?v=3dDbpOORExQ&ab_channel=5Pillars
(11) In Afghanistan, Taliban diktat sparks debate about women’s attire. Arwa Ibrahim and Mohsin Khan Momand. Aljazeera, 26 Jan 20222. https://www.aljazeera.com/news/2022/1/26/holdafghan-women-denounce-talibans-burqa-campaign
(12) Afghanistan’s Taliban ban women from flying without male chaperone. Swiss Info, March 27, 2022. https://www.swissinfo.ch/eng/afghanistan-s-taliban-ban-women-from-flying-without-male-chaperone—sources/47467410
(13) Secunder Kermani. May 8, 2022. https://twitter.com/SecKermani/status/1523243735307677696
(14) Afghanistan: what is the ‘ministry for the Propagation of Virtue and the Prevention of Vice’. Zyri, December 21, 2021. https://www.zyri.net/2021/12/21/afghanistan-what-is-the-Ministry-for-the-propagation-of-virtue-and-the-prevention-of-vice/
(15) The Taliban Order Barbers Not to Shave Beards in Afghan Province Of Helmand. NPR, September 27, 2021. https://www.npr.org/2021/09/27/1041025238/the-taliban-order-barbers-not-to-shave-beards-in-afghan-province-of-helmand
(16) Is Governance the Taliban’s Achilles Heel? United States Institute of Peace. https://www.youtube.com/watch?v=JUp7c4MBfRE&ab_channel=UnitedStatesInstituteofPeace
(17) Secunder Kermani. May 7, 2022. https://twitter.com/SecKermani/status/1522832899254464513
(18) Qari Saeed. Feb 23, 2022. https://twitter.com/qarisa3eed/status/1496305045041782784
(19) Taliban Official Says Strict Punishment and Executions Will Return. NPR, September 24, 2021. https://www.npr.org/2021/09/24/1040339286/taliban-official-says-strict-punishment-and-executions-will-return?t=1649759882125
(20) Despite Mistrust, Afghan Shiites Seek Taliban Protection. VOA News, November 16, 2021. https://www.voanews.com/a/despite-mistrust-afghan-shiites-seek-taliban-protection-/6315097.html
(21) Taliban Exposed. Mar 29, 2022. https://twitter.com/talibs_exposed/status/1508921252022525960
(22) Afghanistan’s Shia are fearful in face of Taliban takeover. Amy Kazmin, Najmeh Bozorgmehr and Farhan Bokhari. Financial Times, August 26, 2021. https://www.ft.com/content/dedd8b47-e7fa-4afe-aa0f-d1833dc27418

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